Ce qu'on trouverait à ton sujet si on te volait tous tes papiers.

Tes premiers jours à Petrée, tes premières impressions, ce qui t'a amené là, ce que tu viens y chercher et espère y trouver.

Ton mythe favori

Où résides-tu ? A quoi ressemble ton logement ? Le partages-tu ?

Qu'as-tu laissé derrière toi avec regret ? Qu'est-ce qui te manque, de ta vie d'avant ?

Quel membre de Venit Aeternum es-tu ? Quelle attitude adoptes-tu face à ce style de bien particulier ?

Tes ambitions, tes rêves, tes désirs, sur l'archipel ou ailleurs, dans la communauté comme en dehors.

Qu'as-tu dans les poches, sous ton matelas, caché quelque part sur l'archipel ?

Déshabille-toi.

Les horreurs, les peurs, les cauchemars.

Sans forme, rien d'obligatoire, tout est autorisé.

Daniel. Une vie simple, ordonnée, rangée. On se lève, on se couche, souvent seul, parfois accompagné. On travaille, entre les deux, dans une grande banque, aux murs immaculés. On monte les échelons en perdant le fil de ce qui est réel. La joie de vivre. Le goût de l'existence, qui file, glissant entre ses doigts tels les grains du sable de la plage de Petrée.

Albion. La rigueur. Le recul. La réflexion. Tout faire dans les règles de l'art, et dans l'art des règles. Observer pour mieux parler. Écouter pour mieux réfléchir. S'armer du silence pour mieux régner. La sagesse est une qualité qui lui est universellement reconnue: la patience et l'impartialité, plus que toutes autres, sont les vertues qu'il cultive le plus diligemment.

Le soleil brulant sur une peau meurtrie par l'indolence et la lassitude. Des rayons qui ravivent et régénèrent.

(2018)

Viens avec nous, Daniel, tu verras, on s'amuse bien, là bas. C'était quand la dernière fois que tu as pris des vacances ?

Ses pas ont foulé le sol de la plage. L'eau a caressé la peau. Le soleil l'a séchée. Le sable l'a habillé.

Le premier jour, il se demandait bien dans quel pétrin il venait de s'embarquer, encore bridé par les chaînes des conventions que son éducation bourgeoise lui avaient imposées.

Le deuxième jour, un regard électrisant l'encouragea à se mettre à nu.

Le troisième jour, dévoré par la foule, il disparut définitivement.

Et ainsi fut né Albion.

Ses amis retrouvèrent Fribourg et sa nature verdoyante. Lui ne put se résigner à quitter ses plages dorées: il leur appartenait, désormais. Et elles lui appartenaient tout autant.

Qui es-tu ?
Personne.
Ulysses. Odysseus. Et l'art de la réflexion. Gagner par stratégie, et non pas par force. Réfléchir avant de parler. Mentir, si nécessaire.

Pour mieux s'échapper des griffes de Polyphemus, le Cyclope aveuglé par Odysseus.

Si Albion est Odysseus, quel cyclope aveugle-t-il ?

Où résides-tu ? A quoi ressemble ton logement ? Le partages-tu ?

Il n'y a pas de souvenirs qui accablent le néant dans lequel devrait se trouver « le passé ». Comment regretter Daniel lorsqu'il n'avait jamais goûté à la vie ? Albion a tout abandonné derrière lui: sa soeur jumelle. Son chien, Rex. Sa carrière stellaire et même son amant. Plus de nouvelles. Plus de contact. C'était comme si Daniel n'avait jamais existé, et qu'il n'y avait jamais eu qu'Albion. Il ne désire pas se rappeler du passé: il n'y a désormais plus que le présent, et les flammes brûlantes de son désir.

Venit aeternum.

Quel membre de Venit Aeternum es-tu ? Quelle attitude adoptes-tu face à ce style de bien particulier ?

Des ambitions floues se combattent dans les songes du brun. Que recherche-t-il, exactement ? Le pouvoir ? La gloire ? L'adulation ? Ou simplement le sentiment d'exister, pleinement ? L'impression de ne pas pouvoir disparaître, du jour au lendemain, sans laisser de traces ... ?

Autrefois, Daniel planifiait méticuleusement son quotidien, jour après jour.
Albion, lui, préfère prendre les jours les uns après les autres. Un jour à la fois. Le futur est toujours bien trop proche pour mériter une arrière-pensée. Il n'y a que le présent.

Son tome relié de Nietzsche, le philosophe de Sils Maria, soigneusement caché sous son matelas. Ainsi parlait Zarathoustra.

Ainsi parlera Albion.

Une mèche grise de maturité et de nervosité, cachée parmi ses cheveux courts et ondulés.

Des témoins de ses rires, de ses éclats, de ses frayeurs et de ses contrariétés, logées, de façon indélébile, aux coins de ses yeux d'un azur plus profond que l'oeil d'un Cyclone.

Une corpulence travaillée et soignée, respectable en tous points, sans atouts particulièrement marqués, si ce n'est un sexe si parfaitement sculpté qu'il en semblerait taillé dans la roche, son prépuce circoncis révélant un gland des plus lisses et luisant. À ses bourses pleines et velues s'harmonisent un pubis méticuleusement taillé, et des fesses naturellement duvetées d'un fin filet de poils blonds.

La noyade, terrifiante et évasive. Albion, c'est un homme des terres. Il a grandi parmi les arbres, les monts, les vallées et les nuages. L'eau lui fuit entre les mains, comme toutes les choses qu'il ne maîtrise pas, tel que les autres et son propre destin.

Errer, sans jamais réellement trouver de place.
Juger, présider, diriger, gouverner,
Le pouvoir invisible, qui règne en maître,
Sans visage, ni nom.
Un symbole, une destinée, mais pas d'existence, pas de personnalité.
Telle est la malédiction de celui qu'on appelle Albion.

Clive. 5 lettres. Une ambition: le succès, le pouvoir. On gagne tellement d'argent qu'on ne le compte plus. On vire des gens au moindre écart, non pas par désir mais par égo, car il n'y a rien de plus affirmant que le pouvoir que l'on parvient à exercer sur les autres. Celui de pouvoir concrétiser tous leurs rêves, ou les détruire, en un claquement de doigts, non pas pour des raisons valides mais uniquement parce que l'on en avait envie. Ou que l'on s'ennuyait. Ou que l'on s'est retrouvé épris d'un excès de sadisme.

On met des innocents en prison, on saigne des pauvres ouvriers à sang et on défend, bec et ongles, la pire vermine de la planète pour s'enrichir, encore et toujours. Mais le vide grandit rapidement lorsque l'on a aucune âme pour nous combler. Clive en désirait plus, encore et toujours.

Puis, il y a eu Creon. 5 lettres. Une ambition: le succès, le pouvoir. Le nom a changé, mais l'homme, fondamentalement, reste le même.

Fouler le sable chaud de ses pieds nus. Écraser les grains de sable sous le poids de la plante de ses pieds, de façon impitoyable et féroce, tel un conquérant.

Le pouvoir.

Il l'a ressenti, un peu partout autour de lui. Dans les gémissements portés par le vent. Dans la brise marine qui lui caressait la joue. Dans les fondements qu'il pénétrait avec avidité et fougue, baigné sous le clair de lune et les reflets des flammes. Sur le coin de ses lèvres, dans le foutre giclé sur le bout de sa langue. Il y avait beaucoup de pouvoir, à Petrée. Il s'en saisirait rapidement. Creon. Le roi. Le conquérant.

Dominer pour ne pas être dominé ; dominant pour mieux régner.

Herakles, le brave, le héros. Douze labeurs insurmontables pour un homme tout aussi formidable. La folie des grandeurs. Le succès à portée de mains. L'héroïsme de la masculinité toxique et de la force brute et féroce. Et surtout, les gros doigts. Les gros pieds. La grosse queue.

Creon s'y retrouve inéluctablement.

Où résides-tu ? A quoi ressemble ton logement ? Le partages-tu ?

Renoncer au pouvoir, même dans la quête d'un contrôle plus absolu et pur, reste un sacrifice incommensurable pour le blond. Il se demande, parfois, comment son cabinet opère sans lui. Sa carrière lui manque, d'autres fois. Puis, il se vide dans un de ses innombrables objets et toute nostalgie pour sa vie d'antan jaillit hors de lui par le biais de sa semence.

Quel membre de Venit Aeternum es-tu ? Quelle attitude adoptes-tu face à ce style de bien particulier ?

Insatiable, toujours en quête de plus, les ambitions de Creon sans absolues, et sans ambiguïté: le contrôle absolu. Que tout lui appartienne. Qu'il soit comme un dieu sur terre. Que sa simple présence dans la salle commande toute l'attention de l'assemblée. Car qu'est Creon, si ce n'est un régent?

Un revolver, symbole ultime de son pouvoir: celui de se savoir capable de jouer au dieu à tout moment pour dérober une vie à coup d'une balle bien visée. La possession de cet objet enfreint très certainement plusieurs des lois sacrées de Petrée, mais Creon s'en moque bien: il est Creon. Les lois ne sont pas faites pour des hommes homme lui.

Les cheveux légèrement dégarnis par le temps et le stress. Un regard froid. Vide. Stérile. Des mains douces, comme celles d'un homme n'ayant jamais eu à faire le moindre travail manuel de sa vie. Le sexe circoncis, les testicules bien rondes. Quelques poils ondulés recouvrent ses bourses bien remplies. De dos, sa peau est lisse, sans pilosité, si ce n'est le petit triangle de poils qui ornent le creux de ses reins.

L'invisibilité. Que tout le monde l'ignore. Ou pire encore: qu'il soit oublié, après sa mort.

Régner jalousement sur un royaume que nombreux convoitent.
Garder, égoïstement, pour lui, tout ce qui appartient aux hommes.
Resserrer son emprise, tel un étau, qui se referme ...

Une soif qui ne s'apaise jamais.