Mardi 15 Novembre 2011, 6:05.
Il se réveilla brusquement, comme s'il avait eu une horloge imprimée au fer rouge dans le cerveau. Silencieusement, doucement mais rapidement, il se dégagea de l'emprise du jeune homme qui avait posé sa main sur sa poitrine dans son sommeil. Descendant lentement du lit avant d'enfiler son caleçon posé au pied du lit et enlevé en hâte la veille, il se dirigea par les fenêtres. L'on pouvait entendre un froissement lorsqu'il ouvrit à toute allure les rideaux. Les rayons du soleil commencèrent alors à envahir la chambre à coucher, réveillant partiellement, par la même occasion, l'étudiant endormi sur son lit. Lonán Seamus Austin se leva finalement, grandement aidé par les secousses de son enseignant, Thomas Victor Hopkins.
- Réveille-toi, habille-toi et pars. décréta-t-il fermement, voire, même, froidement.
Leur nuit passée ensemble avait été une erreur, c'était évident ! Comment pouvait-ce ne pas en être une ? Ils étaient professeur et élève. Adulte responsable et étudiant influençable ... Il n'y avait absolument rien de naturel à cela. Et pourtant, ils l'avaient fait, et plus il essayait de se convaincre que ce n'était qu'un accident qu'ils oublieraient avec le temps, moins il y croyait. Avouons le : ils se tournaient autour depuis déjà bien trop longtemps. Les sourires, les clins d'oeil ... Le soutien de l'un vis à vis de l'autre face au reste du corps enseignant / étudiant ; ils s'appréciaient depuis le début, et visiblement, beaucoup trop. Mais comment étaient-ils passés de ces timides regards à une relation charnelle de quelques heures de durée ? Sans aucun doute par un enchaînement de circonstances ainsi que par un usage plus que fascinant d'initiative.
De toutes ses années en tant qu'enseignant universitaire (donc, environ deux voire trois), Thomas n'avait jamais rencontré d'étudiant ausssi optimiste et fasciné que Lonán Seamus Austin. Les questions qu'ils posaient avaient toujours été pertinentes ; ses interventions orales, plus pertinentes encore. Il manifestait une excellente maîtrise des textes couverts par le programme. C'est pour toutes ces raisons que lorsque l'un de ses élèves avait besoin d'explications supplémentaires sur un texte, Thomas ne s'était jamais attendu à ce qu'il s'agisse de Lonán. Et pourtant, c'est Lonán qui était venu le voir, un soir, chez lui, afin de lui poser une question sur l'un des textes les plus romantiques de la littérature anglaise : Roméo & Juliet de William Shakespeare. Acte spontané ou acte prémédité ? Il était impossible de le savoir.
Vêtu uniquement d'une serviette enroulée autour de sa taille (venant tout juste de sortir de sa douche), les cheveux mouillés et le corps ruisselement, Thomas V. Hopkins avait à peine eu le temps d'ouvrir la porte que des mots envahirent ses oreilles.
- Professeur ? Je m'excuse de vous déranger à heure si tardive mais je me suis rappellé que vous m'aviez un jour dit que votre porte m'était toujours ouverte si jamais j'avais besoin d'aide. J'espère que vous avez quelques minutes à m'accorder ... Voyez-vous, j'ai un peu de difficultés avec la compréhension de ce passage de la pièce qu'on étudie actuellement, surtout étant donné que je n'avais pas pû assisster à votre dernier cours (à mon plus grand malheur) dû à des problèmes de santé. Pensez-vous que vous pourriez peut être m'aider, ne serait-ce qu'un bref instant, à y voir un peu plus clair ?D'abord surpris par cette demande quoique justifiée, Thomas prit quelques secondes avant de répondre, la voix légèrement enrouée par la surprise :
- Oui, bien sûr, Lonán. Il n'y a aucun problème. Je suis là pour ça, après tout et je souhaite te rappeler à nouveau que ma porte te sera toujours ouverte au moindre soucis, surtout lorsqu'il s'agit de littérature.Bien que celui-ci n'arrivait pas au meilleur moment, Thomas n'était pas dérangé par sa présence. Il en était même plutôt apaisé. Quand à Lonán, il semblait tout de suite plus calme et décontracté, heureux d'apprendre qu'il ne dérangeait pas autant qu'il le craignait.
- Tant mieux alors ! Il s'agît de la scène 2 de l'acte II. Pouvons-nous d'abord la relire ensemble avant de nous y plonger en plus de détails ?- Ah ! Cette scène ! Un véritable classique, si tu veux mon avis ! Il n'y a aucun problème, je vois que tu as compris ce qu'il fallait faire pour avoir les meilleurs résultats possibles à ton examen.Thomas lui fit un clin d'oeil complice. Ils se mirent alors à lire la scène, sur le seuil de la porte (façon de dire que Lonán lisait et que Thomas récitait par coeur) avec autant de sérieux que s'ils étaient de véritables acteurs professionels.
O Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo?
Deny thy father and refuse thy name;
Or if thou wilt not, be but sworn my love
And I'll no longer be a Capulet.
Shall I hear more, or shall I speak at this?
'Tis but thy name that is my enemy:
Thou art thyself, though not a Montague.
What's Montague? It is nor hand nor foot,
Nor arm nor face, nor any other part
Belonging to a man. O be some other name!
What's in a name? That which we call a rose
By any other word would smell as sweet;
So Romeo would, were he not Romeo call'd,
Retain that dear perfection which he owes
Without that title. Romeo, doff thy name,
and for thy name, which is no part of thee,
Take all myself.
Ils firent alors une pause. Brève, certes, mais assez longtemps pour que l'inévitable se produise. Ça avait commencé par un regard ; un simple regard, passionné et pétillant partagé entre les deux. Ils étaient face à face, leurs visages séparés par quelques malheureux centimètres, leurs oreilles capables d'entendre le souffle de l'autre, leurs cerveaux capables de sentir les battements de leurs coeurs accélérer. Aussi spontané qu'imprévisible, ils s'embrassèrent. Un long baiser, passionné et romantique comme il se devait, entre professeur et élève. Un long baiser, aussi délicieux qu'interdit. L'euphorie produit par la rencontre de leurs langues, le bonheur éprouvé simplement en tenant l'autre dans ses bras ... Ils avaient succombé. Le coeur de Thomas battait à présent la chamade : la tension sexuelle accumulée entre eux deux avait été telle que lorsque leurs lèvres se rencontrèrent finalement, ils furent tous deux énormément soulagés.
Puis, Thomas se rappellait qu'ils étaient encore sur le seuil de la porte et, sans se détacher du charmant jeune homme qu'il embrassait maintenant passionnément depuis maintenant plusieurs dizaines de secondes, le tira vers lui à l'intérieur de la maison avant de refermer la porte à clef.
* * *
Il était parti, la porte était refermée et à clef. Il avait tenté de protester, de communiquer, de raisonner, de comprendre, mais en vain : Thomas avait agi froidement ce matin là. Il n'avait pourtant pas eu d'autre choix ! De une, personne ne pouvait (ni ne devait) voir son élève sortir de chez lui le matin : on se poserait rapidement des questions et on terminerait au final par comprendre ce qui s'était réellement passé, la nuit précédente. De deux, il avait besoin de temps. Pourquoi ? Pour comprendre : comprendre ce qu'il s'était passé, ce qu'il avait ressenti et ce qui devrait à présent arriver. S'asseyant sur le côté de son lit, Thomas y resta, une main portée à son crâne, un soupir s'échappant de ses lèvres, une vague d'incertitude s'emparant de lui.
Il avait fait une connerie. Il avait couché avec son élève et aussi agréable que cela ait pû être (car avouons-le : Lonán était loin d'être mauvais au lit), c'était inadmissible. Il était adulte. Il était professeur. Il avait une responsabilité. Une liaison avec l'un de ses élèves ne pouvait lui apporter que des ennuis : il pouvait en perdre son emploi et son orientation sexuelle pouvait même être exposée au reste du monde ! Et ça, il ne l'accepterait pas. Thomas Victor Hopkins était homosexuel ; il le savait depuis ses 15 ans et en avait eu la confirmation à la perte de sa virginité, à ses dix-huit ans. Si il s'assumait et n'avait pas honte de son identité, il estimait que ses affaires personnelles ne le regardaient que lui et un nombre limité de proches et que le reste du monde n'avait rien à faire dedans. Lorsque des collègues ou des étudiantes avaient par le passé tenté de le séduire, il les avait toujours rejetées gentiment. Lorsque l'on lui posait des questions sur ses conjoints, il répondait toujours franchement. Il n'avait pas honte de son identité, il l'assumait pleinement et en était même fier. Mais à moins qu'on ne lui pose des questions, il n'allait pas exposer ses préférences à son entourage.
* * *
Vendredi 2 Février 1988, 15:35.
- Ne sois pas si triste ! Je suis sûre et certaine que ta mère va arriver d'une minute à l'autre ! Tu verras !- Ne perdez pas votre temps, je le sais, qu'elle ne viendra pas !Il pleuvait. Une autre semaine venait de s'achever pour l'écolier de 8 ans qu'était Thomas Victor Hopkins, une autre semaine passée à lire ses livres dans la cour de récréation, à faire ses devoirs sâgement et à attendre que sa mère vienne le chercher pour au final rentrer à pied le vendredi soir. C'était pratiquement devenu une routine, à présent. C'était comme si dès que sa mère lui disait "Tu veux que je vienne te chercher ce soir, mon amour ?" cela signifiait "Rentre à pied ce soir parce que je ne pourrais pas venir te chercher à cause d'un empêchement". La réalité ? Elle était trop occupé à prendre le thé avec ses amis, c'était évident. Non pas qu'il lui en voulait. Il avait longtemps appris à rester indifférent face à la "présence" de ses parents dans sa vie : c'était soit ça, soit les larmes, et, ayant toujours eu un esprit logique, il était évident que l'indifférence était préférable.
Mais il ne pouvait pas rentrer à pied. Du moins, pas aujourd'hui. Il s'était foulé la cheville le Mercredi et ne pouvait donc pas marcher pendant un quart d'heure sur une route de campagne pour rentrer chez lui. Qui plus est, la pluie rendait la route pour rentrer chez lui tout simplement affreuse, et il n'avait aucune envie d'attraper une pneumonie. Heureusement pour lui, son institutrice, la douce, calme, gentille et jolie Mlle. Sally était toujours présente : chaque fois qu'il attendait sa mère, elle restait le surveiller dans sa salle de classe, s'occupant de lui afin de lui épargner l'ennui dans l'espoir que celle-ci arrive. Malheureusement, son espoir et son enthousiasme commençait à faire plus de mal que de bien à Thomas. Il ne supportait pas qu'elle puisse feindre croire à l'arrivée de sa mère : il savait que comme lui, elle avait maintenant compris qu'elle ne viendrait pas.
Il n'avait plus aucune envie. Il voulait juste rester là, assis à son pupitre, à contempler les gouttes de pluie tomber au dehors. Il était, à vrai dire, dégouté : il ne comprenait pas comment il pouvait continuer à être aussi déçu par ces déceptions alors qu'il devrait à présent y être habitué. Et ainsi, les minutes passèrent. Une demi-heure, puis deux, puis trois ... Il était à présent 17:09 et Mme. Hopkins n'était toujours pas arrivée. L'institutrice, occupée à corriger des dictées depuis que Thomas avait commencé à l'ignorer, referma en soupirant le cahier qu'elle corrigeait avant de lui dire :
- Il commence à se faire tard. Tu veux que je te rammène chez toi ?Il hocha de la tête. Se levant lentement afin de ne pas mettre trop de pression sur son pied blessé, il commença à suivre Mlle. Sally lorsque dehors, une voiture se gara. Il s'agissait évidemment de sa mère. Mme. Hopkins arriva rapidement, arrivée prédite par le bruit de ses talons claquant contre le sol en carrelage du couloir. Elle avait le physique de la mère parfaite : mince, blonde, yeux bleus, beau visage, longs cheveux attachés avec précision et élégance afin de lui dégager la vue, elle avait toujours charmé son entourage. Se précipitant vers sa mère, en oubliant sa blessure, Thomas se jeta sur elle et l'enlaça. À ce moment là, plus rien n'avait d'importance pour lui. Il était heureux, sa mère était là et rien ne pouvait aller mal.
* * *
Samedi 6 Mai 1998, 15:35.
- Je n'aime pas le fait que Thomas fréquente ce garçon, Mary !- Laisse les donc tranquilles, Alfred ! Ils sont jeunes, et leurs affaires ne te regardent absolument pas.Alfred Jared Hopkins soupira. Il n'avait jamais aimé Lionel M. Matthews, et encore moins depuis que Thomas avait commencé à le fréquenter. Pourquoi ? Tout simplement parce que Lionel Matthews était un mauvais spécimen. C'était l'enfant à problèmes typiques, celui qui conduisait une moto, volait des oranges et entrait et sortait de prison comme s'il jouait au monopoly. Fumeur et ancien alcoolique, il s'agissait également du fils d'un de ses plus grands rivaux et sa présence grandissante dans la vie de son fils ne pouvait lui présager que des malheurs. En tant normal, ces choses là ne devaient pas l'effrayer ... Mais il avait depuis longtemps eu des soupçons au sujet de son fils, notamment vis à vis de son orientation sexuelle, et craignait à présent que ses hypothèses se voient toutes vérifiées par la simple arrivée de Lionel dans leurs vies. Caresses, calins et baisers sur la joue étaient régulièrement échangés lorsqu'ils croyaient être cachés du regard des autres, et dieu seul savait ce qu'ils faisaient lorsqu'ils étaient sûrs et certains d'être seuls ...
Le froid hivernal avait longtemps disparu, ayant été poursuivi par le printemps, lui-même présentement chassé par l'arrivée de l'été. Saison festive et relaxante, l'été signifiait la fin de l'année scolaire, le début des grandes vacances et l'obtention du diplôme de Thomas. Plus que ravi d'avoir survécu à ces dix-huit années d'éducation souillées par l'obligation d'étudier les sciences, il était à présent libre. Libre de ses choix, libre de ses études, libre de sa famille ... Il était majeur et se comportait comme tel. Il savait déjà qu'il étudierait les lettres ; ça avait toujours été sa passion, depuis sa plus tendre enfance. Lorsque l'on l'observait, l'on pouvait remarquer qu'il avait toujours eu un livre entre les mains et que ses yeux l'avaient toujours dévoré avec fascination et plaisir. C'était donc vers là qu'il s'orientait. Malheureusement, l'été n'était pas que synonyme de bonnes choses. Certes, c'était un début, celui d'une nouvelle vie, mais c'était également une fin ... Il n'avait jamais vécu bercé par ses illusions ; il avait toujours eu assez de lucidité pour comprendre que le monde n'était pas fait de nuages roses et que le malheur frappait plus souvent que le bonheur.
Il ne pouvait pas rester avec Lionel.
Cela faisait à présent trois mois qu'ils se cotoyaient ; trois mois qu'ils étaient ensemble dont deux où ils avaient été inséparables. Avec lui, la vie semblait tellement plus facile. Vide de soucis, vide de conflits ... Avec lui il était heureux. Il n'avait pas été sa première fois, il n'avait pas été son premier baiser, et pourtant, Thomas savait intérieurement que jamais il ne l'oublierait, et ça, c'était pour la plus simple des raisons. Lionel était le premier amour de Thomas. Avant lui, il n'avait jamais vraiment aimé. Attiré par les garçons et hommes depuis ses quinze ans, il avait embrassé deux ou trois filles dans son passé afin de confirmer ses croyances : celles qu'il était bel et bien homosexuel. Souvent davantage par attirance que par amour, il s'était engagé dans des couples qui, au final, n'avaient jamais duré longtemps et qui étaient restés secrets tout au long, étant donné qu'il avait souhaité épargner ses parents de la tristesse et de l'humiliation que c'était d'avoir un enfant "abnormal".
Mais dorénavant, il n'avait plus besoin de se cacher. Il allait partir relativement loin du domaine familial afin de poursuivre ses études à l'Université d'Oxford qui l'accepterait plus tard dans l'année. Il allait étudier la littérature, et finirait par en devenir professeur. Son avenir était déjà tracé et il n'avait plus qu'à suivre la courbe qui lui était prédestinée.
Jeudi 1er Janvier 2009, 00:01.
- Juste, oublie moi, Henry ! Oublie moi ! Non, je ne suis pas ivre. Oui, je suis conscient des conséquences de mes paroles. Non, tu ne peux pas venir pour qu'on puisse en discuter. Non, je ne reviendrais pas sur ma décision. Non ! C'est non ! Tu sais quoi ? Je vais raccrocher là. Oui, parfaitement, je vais raccrocher là. Ce qu'on a eu, c'était génial, mais c'est fini ! FI-NI ! Adieu, Henry ! Et n'essaie pas de me rappeller !Et comme ça, la ligne s'interrompit : il avait raccroché. Posant sa tête entre ses deux mains, Thomas soupira : encore une rupture. Il n'y échapperait décidemment jamais. Pour une fois qu'il croyait être tombé sur
l'homme, celui qu'il lui fallait, celui de sa vie ... Ça aurait été trop beau pour être vrai. Ils s'étaient rencontrés cinq années auparavant, et ça avait immédiatement été le coup de foudre, tant et si bien que deux mois plus tard, ils avaient décidé de cohabiter ensemble. Quatre années s'étaient écoulées, quatre années plus que parfaites, glorieuses et joyeuses pour Thomas et Henry. Ils avaient même envisagé de se faire marier de manière officieuse (c'est à dire, en s'offrant des alliances et en se jurant leur amour). Mais évidemment, il avait fallu que tout s'effondre. Ils vivaient à présent à Tokyo depuis six mois car Thomas avait reçu une offre d'emploi simplement immanquable.
Thomas avait vraiment cru que cette fois serait la bonne ... Ce n'était pas de sa faute, il ne pouvait pas savoir que l'homme à qui il avait consacré cinq années de sa vie avait, peu de temps avant de le rencontrer, délaissé sa femme et ses enfants avant de poursuivre son rêve de relation charnelle avec des individus à travers le monde entier. Ce n'était pas de sa faute, il ne pouvait pas non plus savoir que l'homme à qui il avait juré amour, aide et fidelité était passé par un lit différent chaque semaine. Heureusement pour lui, il avait appris les choses relativement tôt pour cesser leur relation et couper tous les ponts. Trahï. Il avait été trahï, tant et si bien qu'à présent, feindre une réconciliation lui donnait la nausée. Il avait envie de vomir. Il avait envie de pleurer. Il était déboussolé, fatigué, exténué ... Comment aurait-il pu prévoir que son réveillon du nouvel an se serait transformé en accusations d'une femme abbandonnée par "l'homme de sa vie" ? Beau parleur, Henry l'avait été. Bon compagnon, il l'avait été aussi. C'était surtout en matière de confiance et de fidélité que les choses se gâtaient.
Et maintenant, où ? Ils avaient fait le globe ensemble. Les États-Unis, l'Afrique du Sud, l'Asie, l'Australie ... Pas un seul de ces endroits pourrait lui ôter de la tête son - depuis quelques minutes - ex-petit-ami ; pas un seul de ces endroits pourraient diminuer sa douleur. Hormis, peut être, l'Angleterre, son pays natal ... Il n'avait qu'à retourner là bas, c'était sans doute la meilleure chose à faire. C'est donc ce qu'il fit, se retrouvant au final dans la ville de Saint Helens. Aurait-il pu faire mieux ? Sans nul doute. Aurait-il du coucher avec l'un de ses élèves, deux années et demi après son arrivée ? Absolument pas.
Mais ce n'était pas là la question.
Qu'adviendrait-il à présent, de lui, de Lonán, d'eux ? Sa raison avait beau hurler et l'implorer aussi fort qu'elle le pouvait qu'il fallait à tout prix cesser cette relation plus que malsaine avec son élève à peine majeur, son coeur - ainsi qu'un autre de ses organes - lui affirmait le contraire. Il ne savait pas quoi faire ; il était divisé entre ses devoirs et ses pulsions. Un Mardi 15 Novembre 2011, Thomas Victor Hopkins était tourmenté.