je m'excuse d'avance si c'est un peu chaotique, le personnage s'est un peu construit pendant la rédaction pour faire un résumé assez simple de ce que j'avais de prévu:

Citation :

un personnage riche, influent, et d'apparence propre qui en vérité est pourri jusqu'à la moelle. l'idée est de détruire, peu à peu, ce portrait au fil des sujets, tout en révélant les épisodes de son passé qui ont contribué à la perte plus ou moins totale de son « humanité ». l'objectif reste avant tout d'exposer un personnage qui se retrouvera tôt ou tard rattrapé par son passé, ses vices, et ses crimes, et qui est défini par ses nombreux défauts.

à cet effet, nombreuses choses dans cette fiche ne sont pas à prendre au premier degré: il s'agit là d'un portrait idyllique et idéalisé qui ne révèle pas la gangrène qui ronge ce personnage de l'intérieur.

[ I KNOW WHAT IT'S LIKE TO BE SAD. I KNOW HOW IT FEEL TO BE DEAD. ]

tw: homicide, changement d'identité, détournement de fonds, relation intéressée, adoption

sourire de lumière,
langue de vipère,
coeur de pierre,
âme de charbon.

trouveras-tu donc
mon véritable nom?
_____

Le regard est souvent décrit comme étant le miroir de l'âme. Qu'en est-il des miroirs qui n'ont pas d'âme à refléter? Leur surface, imperméable, se contente de refléter le visage de ceux qui osent s'y confronter.

Armand est un miroir: le miroir de l'humanité. Véritable caméléon, ses traits se métamorphosent d'une aisance alarmante. Tantôt souriant, tantôt bavard, tantôt rieur, tantôt moqueur, tantôt sérieux, tantôt charmant, tantôt séduisant, tantôt violent ... Un océan de contradictions définissent cet homme que nombreux côtoient sans jamais le connaître: il sait jouer, à la perfection, tous les rôles que la société lui réclame de jouer – presque autant qu'il les méprise, sans la moindre exception.

Antisocial, rien n'a de valeur aux yeux du faux-philanthrope, réellement misanthrope, une aversion qu'il se garde bien de revendiquer. Mais pour chaque accueil chaleureux, le brun imagine trente mille menaces. Pour chaque sourire donné, il manigance déjà son prochain coup fourré.

Toujours à deux longueurs d'avance sur ses pairs, difficile de rivaliser avec un homme qui s'est donné pour mission ultime de briller dans l'art de la déception.

Mais d'où vient donc toute cette haine,
toute cette rancoeur,
toute cette antipathie?

S'ils respiraient encore, il serait aisé d'interroger les Nelson: de tous ayant eu la malchance de croiser le chemin du socialite mondain, Leopold et Melissa auraient très certainement été les mieux situés pour offrir une vision d'ensemble sur la jeunesse du brun, à défaut de pouvoir témoigner sur sa vie adulte.

Malheureusement, époux comme épouse succombèrent tous deux dans un « mystérieux » accident de nombreuses années plus tôt: un incendie, aux flemmes voraces, éclatantes et glorieuses. Un incendie qui marqua le décès tragique d'une des familles les plus ordinaires et banales de la ville, ainsi que l'éveil d'un résident des plus inhabituels. Cette fameuse nuit, Armand dévora le spectacle des flammes dévorant ses « parents » adoptifs – les pêcheurs originels, coupables du pire des crimes: celui de l'avoir plongé dans une existence fictive, un mensonge qui finit par leur coûter leurs vies.

Si la vengeance est un plat qui se mange froid, Armand la préfère givrée: cela faisait une bonne décennie que les Nelson avaient abandonné tout espoir de le retrouver avant leur fin prématurée.

Si les Nelson n'ont pas les réponses recherchées,
peut être que l'orphelinat Parisien
offrirait davantage d'illumination
quant aux origines de cet homme si singulier?

Cette idée, bien que merveilleuse sur le papier, aboutirait malheureusement elle aussi à un échec, compte tenu du tragique embrasement qui réduisit en cendres toutes ses charpentes et tous ses dossiers, longtemps avant la tragique fin de Leopold et de Melissa.

Peut être que l'assistante sociale
responsable du dossier
se souviendrait d'un quelconque détail?

Possiblement, si elle n'était pas, elle aussi, décédée – brûlée, bien entendu, dans ce malheureux incident. Une tragédie des plus inexpliquées compte tenu de la retraite qu'elle avait prise des années auparavant.

Et ses camarades de classe?
Auraient-ils les réponses tant espérées?

Merveilleuse idée, mais lesquels? Le brun a effectué toute sa scolarité à domicile, de la petite enfance à l'âge de l'émancipation.

Ses précepteurs?

Très certainement, avez-vous déjà entendu parler du savant professeur Theodore Nelson, ainsi que de sa charmante femme Melissa?

Et les domestiques, dans ce cas?

Bien entendu. Mais de quels domestiques parlons nous, exactement? Les Nelson avaient à peine les moyens de financer leur logement.

Qui connaît donc
la véritable histoire d'Armand?

Parlons nous de Tom Nelson, le fils de feu Leopold et Melissa Nelson?

Oui, Tom Nelson.
Qu'est-il devenu?

La vie de Tom Nelson pris un tournant tragique la veille de ses dix-huit ans, suite à une altercation particulièrement violente au sein de la demeure. La cause officielle du décès? Un terrible accident de voiture. Des témoins rapportent que la voiture pris combustion si intensément que le squelette qui en fut extrait était impossible à identifier. Curieusement, en dehors de sa tombe, aucune trace n'existe de ce jeune homme: il semblerait presque que quelqu'un ait volontairement cherché à l'effacer de toute piste de papier.

Qui est donc ce mystérieux
Armand de Contrignac?

Quelle excellente question. Armand de Contrignac est un des hommes les plus respectés de la ville de Detroit. Possédant l'un des plus vastes patrimoines de la région, sa fortune n'est égalée que par la générosité inimaginable dont il fait preuve à travers les nombreux engagements sociaux et donations philanthropiques effectuées au cours de l'année.

Mais d'où sort-il donc?

Cela doit faire une bonne quinzaine d'années que le socialite mondain a fait son entrée fracassante parmi la haute-société locale, émerveillant tous et toutes avec son regard perçant, ses sourires envoutants, et son chéquier généreux.

Mais, toute cette richesse ...
D'où vient-elle donc?

Malheureusement, les détails sur la vie du directeur avant son arrivée en ville restent flous, pour la plupart. Si le brun revendique une éducation de renom aux Universités de la Sorbonne et de Cambridge (RU), aucun dossier n'indique le moindre Armand de Contrignac au sein de ces institutions.

Et cette photographie ...
Que représente-t-elle?

Quel merveilleux oeil que voilà. Il s'agit d'un cliché candide de Herzog Hannalein von Haughenflüffen, dernière duchesse de la lignée des von Haughenflüffen, puisse-t-elle reposer en paix.

Qui est donc cet homme
à ses côtés?

Il s'agit là de Thomas Weatherford, son dernier conjoint. Ne sont-ils pas tout simplement charmants?

Il semble particulièrement jeune,
et elle, si... Mature.

L'amour n'a pas d'âge, comme le dit l'adage. Les amies de la duchesse rapportent que celle-ci n'a jamais été plus heureuse que suite à sa rencontre fortuite avec Weatherford.

Comment se sont-ils rencontrés?

On rapporte que Weatherford aurait été heurté par le véhicule de la duchesse – d'après les témoins locaux, le jeune homme serait apparu de nulle part lorsque le véhicule de Herzog Hannalein von Haughenflüffen se dirigeait vers une réception.

Et combien de temps
sont-ils restés ensemble,
dans ce cas?

La liaison entre la duchesse et Weatherford fut aussi brève qu'elle fut intense: s'ils ne parvinrent à partager que deux belles années avant le décès inattendu de frau Haughenflüffen, nombreux rapportent qu'aucun homme n'avait jamais été plus doux, aimant et attentif que Weatherford.

Et cette fameuse duchesse ...
Comment est-elle décédée?

Il s'agit là d'une affaire tragique. On rapporte qu'un terrible ...

Incendie?

... Oui, un terrible incendie, donc, pris place dans la nuit du 21 juillet, à sa demeure à Düsseldorf. D'après les analystes, la duchesse se serait assoupie près d'une bougie allumée...

Qu'est-il-advenu du fameux Weatherford?

Qui donc? Weatherford? Il semblerait qu'à son décès, frau Haughenflüffen aurait légué tout ses biens matériaux (dont sa considérable fortune) à son bien-aimé.

Qu'a-t-il fait avec toute cette fortune?

Difficile à dire. Quelques semaines après la communication du testament, Weatherford disparut, comme s'il n'avait jamais existé. Cette photographie est très certainement l'un des derniers vestiges de son existence.

C'est curieux...

Quoi donc?

Les deux hommes
ne se ressemblent absolument pas,
et pourtant...
Je ne saurais dire quoi,
mais il y a comme un air...

Beaucoup de gens se ressemblent.

Sans doute, oui...
Ce fameux Armand,
D'où vient-il, déjà?

Il est difficile de situer les origines du brun. Si son accent est indéniablement étranger, il ne ressemble à aucun autre accent reconnu à travers le monde – comme si celui-ci avait soigneusement été élaboré de toutes pièces. Certains rapportent qu'il trouve ses origines en Australie, d'autres, au Québec, mais la rumeur la plus plausible est qu'il est un descendant de la haute aristocratie française.

« de Contrignac » ...
Il s'agit là d'un nom bien curieux ...
Il semblerait presque façonné
de toutes pièces ...

Si aucune commune n'est dénommée « Contrignac » de nos jours, il n'est pas rare que certains patronymes préservent des noms de villes historiques longtemps après que celles-ci ne figurent plus sur des cartes.

Soit...
Et ce de Contrignac ...
Quels sont donc ses défauts?

Des défauts? Ma foi... Il serait difficile de trouver plus pieux, plus louable et plus vénérable résident que le dénommé. Tous les dimanches, sans faute, c'est vers l'Église Presbytérienne Saint Thomas qu'il se dirige, afin d'assister à la messe hebdomadaire. Les vendredis soirs, lorsque son emploi du temps le lui permet, c'est à la soupe populaire que vous pourrez le retrouver, prêtant main forte aux autres bénévoles locaux. Les samedis après-midis, c'est dans l'hôpital des enfants que vous le verrez, occupé à distribuer des livres éducatifs à chacun des patients, quel que soit leur statut social. Rares sont les fois où il refuse une invitation à un évènement mondain, notamment lorsque celui-ci promeut une cause louable. Si vous le voyez serrer la main d'un politicien, ce sera assurément celle d'un des représentants les plus progressifs  et fiables de la ville. Aucun casier judiciaire n'est plus vierge, et aucune réputation n'est plus invulnérable que celle de l'illustre monsieur Armand de Contrignac.

D'accord.
Et lorsqu'il ne joue pas les messies,
où peut-on donc trouver ce « saint »?

Monsieur de Contrignac tient énormément à son intimité. C'est donc à cet effet qu'il a investi une portion considérable de sa fortune dans la construction d'une bâtisse (pour ne pas dire forteresse) fortement excentrée et plus fortement sécurisée.

Pour un homme si « transparent »,
il semble préserver
bien des secrets...

Si votre visage était un des minois les plus reconnaissables de la ville, ne valorisiez-vous pas, vous aussi, vos moments de solitude?

Je vois ici que ce cher de Contrignac vit seul.
N'a-t-il donc jamais trouvé personne
avec qui partager
sa vaste et immense fortune?

Lorsqu'un homme possède un horaire aussi chargé que celui de monsieur de Contrignac, il devient difficile de trouver le temps pour de pareilles distractions. Les sacrifices qu'il fait, au nom de cette ville qu'il aime tant, sont impossibles à nier.

Qu'en est-il des rumeurs liant
ce pieux et illustre résident
à des entités bien moins charitables
que l'Église et la soupe populaire?

C'est en s'attardant sur des rumeurs qu'on leur donne crédibilité. La vérité, c'est qu'aucune preuve ne lie monsieur de Contrignac à n'importe qu'elle entité indésirable. Monsieur Armand n'a pas pour habitude de côtoyer des personnes de mauvaise réputation.

_____

j'ai mille visages,
deux mille idées,
et trois mille façons
de te tuer.

Un accent presque aussi singulier que le sien, et bien moins exotique, martèle ses oreilles. Si les paroles l'impressionnent peu, le regard auquel il se confronte lui fait d'autant moins d'effet.

Un gamin.

Un gamin, certes. Mais pas n'importe lequel.

McFly.

Le monde n'est pas grand. Il se rétrécit davantage dans la haute stratosphère où l'argent se marie avec l'argent. Un jeu d'écumes et de lumières, où il faut impressionner pour mieux régner.

McFly. Un nom prosaïque, le parfait mariage avec une fortune de nouveaux riches. Des gens à éviter, à défaut de pouvoir les mépriser. Rien à voir avec de Contrignac. Voilà là un nom qui détient du prestige, de la merveille, et ce petit je ne sais quoi qui démarque les légendes des faits-divers. Bien entendu, la richesse d'Armand se marie à la perfection à son patronyme: son patrimoine héréditaire remonte plusieurs siècles. Certes, il ne s'agit pas là de son hérédité ... Mais l'illusion n'en reste pas moins parfaite pour autant.

Aux yeux de tous, Armand détient non seulement une fortune enviable, mais également une fortune de longue date. Rares sont ceux qui savent réellement d'où lui viennent ce nom et cet héritage.

Il y a une dizaine de répliques cinglantes que de Contrignac sauraient adresser à cet interlocuteur nuisible – mais la sophistication d'Armand ne le lui permet pas.

– Armani? se contente-t-il de répondre d'un ton désinvolte et nonchalant. J'en déduis que votre mère ne vous a toujours pas présenté à ses couturiers et ses tailleurs personnels. Une remarque d'apparence inoffensive, qui ne manque cependant pas de viser les potentielles insécurités existant



« [color

Citation :

@"Nerea Blake"

Detroit, MI, USA
Jeudi 5 Janvier 2023, 02:18
4°C · Ciel Nuageux

Précipitation: 4% · Humidité: 76% · Vent: 22 km/h
Température extérieure: 4ºC · Température intérieure: 23.67ºC
Temps écoulé: 1h, 13m, 5s, 10ms.

---

Le doux ronronnement du moteur semble répondre de concert au rythme du coeur qui bat officiellement au creux de sa poitrine.

Le rythme est calme. Doux. Régulier. Comme une promesse rassurante, ou une caresse dévouée.

Dévouée.

Confortablement installé dans le véhicule, vêtu d'un costume gris charbon, le mondain attend silencieusement l'ouverture de cette porte qu'il guette depuis plus d'une heure.

Blake.

Difficile de poser des mots sur la relation transactionnelle que les deux entretiennent. Plus difficile, encore, d'expliquer les raisons qui ont possédé le brun à prendre cette femme pour cible, plutôt qu'une autre.

Peut être que tout en revient aux flammes, finalement. 
À cette chevelure explosive et brûlante, comme la fièvre qui brûle au bout de son briquet.

Clic-clac.
Clic-clac.
Clic.

Les étincelles jaillissent, illuminant la pénombre qui règne dans la Rolls Royce grise. Une flamme solitaire danse doucement devant les yeux vides du mécène, menaçant dangereusement de dévorer sa barbe soigneusement rasée.

Un ... Deux ... Trois ...

Clac.

Un doux jeu auquel de Contrignac pourrait consacrer des heures interminables de son temps précieux, compte tenu de sa fascination pour la braise.

Clic ...

Depuis combien de temps attend-il, désormais? Sa montre est possiblement la seule qui ne lui ment jamais. Ou tout du moins ... Presque jamais.

Citation :

Temps écoulé: 1h, 13m, 5s, 10ms.

Clac.

Une montre en panne. Un énième problème à résoudre. Cela ne le phase pas: la vie d'Armand est définie par la résolution de problème. Chaque fois qu'un disparaît, deux autres semblent miraculeusement émerger.

En parlant de problèmes, voilà que la porte du bar s'ouvre enfin, révélant la splendide jeune femme suspendue aux bras de Henry Huntington III.

La sirène éblouit par la parure qui lui a été offerte par son mystérieux employeur, bien entendu soigneusement choisie non pas par ses soins, mais ceux d'un·e de ses innombrables subordonné·e·s. Ses yeux dévisagent Huntington d'une intensité féroce, tentant de percer à jour les pensées du blond d'un simple regard. La mission a-t-elle été un succès? Il le découvrirait bien assez tôt.

Comme convenu, son chauffeur quitte la quiétude de la Rolls afin d'accueillir la jeune femme.

– Mademoiselle Blake? Je voulais simplement vous prévenir que votre voiture est prête pour vous raccompagner chez vous, affirme-t-il de sa voix bien évidemment docile et serviable. Nerea Blake joue de ses charmes une dernière fois pour prendre congés de son compagnon de soirée, et Armand doit bien reconnaître qu'elle épouse son rôle à la perfection.

Il s'agit là d'un arrangement des plus habituels: une voiture est toujours déployée quelle que soit l'heure et l'engagement afin d'assurer que son bien (puisque c'est bien ainsi qu'il la considère) puisse prendre congés de ses victimes sans encombres. Par ici, mademoiselle Blake, indique le conducteur, avant d'ouvrir la porte arrière de la Rolls.

Si Nerea est très certainement habituée à ce qu'un chauffeur lui soit attribué à la fin de chacun de ses engagements, c'est cependant la première fois que celui-ci l'escorte jusqu'à la Rolls Royce grise d'Armand, un véhicule qu'elle reconnaîtra indéniablement de l'extérieur, à défaut d'y avoir effectué plus de deux voyages par le passé.

Il est inhabituel pour de Contrignac de cueillir la jeune femme sur le bord de la route afin de réclamer le bilan de ses activités. D'habitude, c'est au détour d'un repas absurdement opulent que le mondain et la sirène se consultent, une habitude qu'Armand choisit aujourd'hui de briser avec stratégie afin de perturber la jeune femme.

Si cela fait bien plusieurs années à présent que le brun cultive cet investissement non-négligeable, il s'agit bien là de la première fois qu'il déploie les services de la jeune femme pour un « client » qui lui importe tant (pour des raisons qui, bien entendu, lui sont propres). Cela fait bien une demi-douzaine de mois que Nerea côtoie Huntington aux généreux frais d'Armand. Malgré une générosité exorbitante et des factures astronomiques, de Contrignac n'est pas plus avancé au sujet d'Huntington qu'au premier jour.

Sa cible est-elle si vigilante qu'aucune quantité d'alcool et de charme ne parviendrait à lui soutirer la moindre information? Se fait-il mener en barque par celle qu'il qualifie comme protégée?

Armand se pose beaucoup de questions, et Armand déteste les questions. Surtout dans une situation où il s'attend à davantage de réponses.

Ce n'est que lorsque la sirène est confortablement installée au sein du véhicule qu'Armand se permet de lui adresser la parole, sans pour autant détourner le regard de son briquet.

Bonsoir, mademoiselle Blake, souffle-t-il de sa voix paisible et composée. J'espère que vous avez passé une belle soirée.

Clic-clac.

Les paroles du mondain ont beau être chaleureuses, son timbre hivernal ne laisse aucune place pour de l'ambiguïté. Une voix peut être cristalline, claire, fraîche et tranchante. Avec toute la grace et l'élégance d'un flocon, sans pour autant en perdre la complexité, ni les pointes acérées. Le regard du brun est tout aussi glacial et perçant. Ses iris s'attardent plusieurs longues secondes sur le visage de son interlocutrice, étudiant attentivement chacun de ses traits, comme s'il tentait de déceler un quelconque secret parmi ses expressions. Mais non. Aucune confession ne semble s'échapper du majestueux étang que représente Nerea à ses yeux: belle en surface, sans réelle substance ni profondeur. Si de Contrignac a beau savoir feindre de l'intérêt lorsque cela l'arrange, cela doit faire bien plusieurs mois à présent que le magnat n'a pas trouvé une justification suffisante pour l'encourager à manifester la moindre curiosité à l'attention de son employée. S'il se souvient à peine du nom de celle-ci, ainsi que des quelques informations qu'il garde précieusement afin de mieux pouvoir la manipuler, il va sans dire que sa curiosité vis-à-vis de la jeune femme au delà de ces détails essentiels est inexistante.

Le directeur ne voit pas les individus comme des personnes, mais bien comme des objets: utiles pour exercer une fonction, facile à ignorer lorsqu'ils ne sont pas nécessaires. Malheureusement pour lui, cet objet spécifique a l'art de savoir insister sur sa propre humanité, un détail qui agace le brun davantage qu'il ne voudrait l'avouer.

– Je vous paie pour vos talents, mademoiselle Blake, non pas vos opinions. Sa voix trahit son indifférence, son regard fuyant à travers les vitres de la Rolls à défaut de vouloir s'arrêter de nouveau sur le visage de la rousse. Que lui importe qu'elle soit accessible ou douce si cela ne sert pas ses sombres machinations? Ce qu'il recherche, ce sont des informations – quelque chose que la jeune femme serait conseillée de lui fournir pendant leur trajet. La voiture se met en marche vers une destination qu'il n'a aucune intention de révéler – non pas par sadisme, mais bien parce qu'il ne considère pas assez Nerea pour se rappeler de lui accorder cette courtoisie.

Clic.

La flamme jaillit du briquet, dansant tendrement sous les yeux du brun et de la demoiselle. Un de ses employés avait un jour eu la mauvaise idée de lui faire savoir que la flamme le dérangeait. Plus personne n'ose commenter à ce sujet depuis. 

Clac.

Des flocons tombent de façon passive, s'affaissant avec une langueur si lascive qu'elle en semblerait presque délibérée contre les vitres du véhicule. Des lumières festives continuent de briller dans les vitrines les entourant, rappelant immédiatement au brun son aversion des fêtes. La seule décoration qui intéresse le brun est la rousse qu'il propulse au cou de ses adversaires afin de mieux pouvoir garder un oeil sur eux – une fonction qu'il se garde bien de lui communiquer.

Si sa nature était plus curieuse, de Contrignac se demanderait très certainement ce que Nerea pense de leur arrangement, ainsi que de ses motivations. Mais la question ne s'est jamais posée. Il décide de ses prochaines victimes, et elle reçoit ses ordres. Il l'invite à des diners opulents et elle lui offre les informations qu'il attend si patiemment au détour d'une coupe de Dom Pérignon. L'arrangement est simple, ce qui le rend d'autant plus efficace. Un plan on-ne-peut-plus parfait. Du moins ... Sur le papier.

Cet investissement n'est pas des plus inconséquents et l'héritier commence à se demander s'il n'aurait pas commis une erreur en plaçant tant de ressources sur cette belle plante qui ne semble pas porter les fruits qu'il espérait obtenir en retour. C'est en partie pour cela qu'il a décidé de cueillir les informations qu'il recherche à la source, ce soir: pour s'assurer qu'elles soient encore fraîches et d'actualité.

Le parfum de la rousse envahit son véhicule de façon si imposante qu'elle en semble insolente. Il s'agit d'une senteur douce, sensuelle, fruitée. Armand peinerait à identifier sa provenance: qu'il s'agisse d'un Dior, d'un Chanel, ou d'un Cartier, le brun ne s'encombre pas avec de pareils détails. Une employée avait obtenu la tâche d'identifier un arôme irrésistible et d'en faire cadeau à la rousse. Celle-ci avait reçu les instructions de le porter à chacun des rendez-vous qu'il lui assignait, sans exception. Une décision qu'il se met à regretter amèrement tant l'odeur le met dans l'inconfort. Le mécène ne supporte pas l'artifice. S'il se vêtit avec panache élégance, sa garde-robe n'en reste pas moins sobre et discrète. Sa Cologne, bien que complexe, reste ferme et sèche: leurs arômes se présentent avec autorité, sans lambiner dans son sillage. Son odeur l'accompagne, sans jamais le précéder ni lui succéder. C'est un parfum efficace, qui va droit au but. C'est également le genre de parfum qui n'est pas adapté à la tâche de la rousse.

Non. Nerea doit charmer, Nerea doit séduire. Là où Armand a tout à gagner en restant effacé, la rousse aurait tout à perdre. La fonction de Nerea est d'enivrer ses cibles, laissant une marque indélébile sur leurs mémoires similaire aux traces de son rouge à lèvres sur leurs joues ou à son odeur sur leurs vêtements. Le parfum de Nerea se doit d'en être si insistant qu'il en devient presque suffoquant, de sorte à ce que personne ne puisse échapper à son souvenir. Il n'en reste pas moins luxueux pour autant – il serait difficile de charmer les hommes les plus affluents de la ville avec une escort parée au bas de gamme – mais il s'agit simplement là d'une philosophie olfactive incompatible avec tout ce que le magnat tient en estime.

S'il daigne répondre à la question de la rousse, c'est uniquement parce que celle-ci fait référence à un de ses outils de travail. S'il y a bien une chose qui ne peut pas être reproché au directeur, c'est de ne jamais faire dans la demi-mesure. Aucun investissement n'est trop important, toutes les factures sont bonnes à payer, tant que le jeu en vaut la chandelle et que la récompense est à la hauteur de ses espérances.

Appuyant sur le dernier contact dans sa liste d'appels, la seule réponse que Nerea pourra espérer obtenir du brun est celle qu'il offre à son assistant. La ligne sonne pas plus de deux fois avant que le combiné ne soit décroché, preuve que Mike Myers a bien compris toutes les attentes de son poste: il est déconseillé de faire attendre « le patron » trop longtemps.

– Monsieur Myers, il semblerait que madame Saunders ne soit pas à la hauteur de ses fonctions. Je vous remercie de bien vouloir y rémédier.

Pas de bonsoir, aucune cérémonie, ni consigne additionnelle: Myers sait exactement ce qui est attendu de lui et Armand en a parfaitement conscience. Armand De Contrignac sans laisser à son assistant le temps de répondre, choisissant ce moment pour planter son regard dans celui de Nerea avec insistance.

– Je vous prie de m'excuser, mademoiselle Blake. Il semblerait que mes consignes n'aient pas été bien interprétées. Cela ne se reproduira plus.

Sa voix ne laisse place à aucune ambiguïté. En effet, si la parure de la rousse était enviée par la lumière des réverbères, celles de la Rolls offrent un portrait moins flatteur à cette robe qui en semblerait presque vulgaire si elle n'était pas si bien portée – un détail inadmissible. Comment peut-il s'attendre à ce que Blake réussisse dans ses fonctions si elle n'est pas correctement équipée? Peut-être bien qu'Armand avait enfin découvert la raison pour laquelle celle-ci n'avait que des informations éparses et inintéressantes à lui communiquer au sujet de Huntington. Qu'adviendra-t-il de Stacy Saunders? C'est une histoire pour une prochaine fois, et qui, de toute manière, ne concerne pas Nerea: il est peu probable qu'elle aura de ses nouvelles à l'avenir.

Le brun ne prête pas attention aux charmes dont la rousse semble tenter de jouer à ses côtés – un jeu si régulier qu'il en est devenu sans originalité ni imagination, et pourtant, presque essentiel: un entretien semblerait presque incomplet sans ces discrètes suggestions de sensualité très certainement calculées pour tenter de l'amadouer, probablement dans le but de l'inciter à relâcher l'emprise qu'il tient sur elle. Une tentative vaine, si elle savait réellement à qui elle avait affaire: il faudrait occire Armand pour qu'il se décide à renoncer au contrôle, car peu de choses ont plus de valeur à ses yeux.

L'interrogation de Blake est notable pour deux détails:

Premièrement, elle continue d'adresser son employeur par son prénom, un choix courageux qu'il n'a jamais pris le temps de rectifier mais qui mériterait bien une punition.

Deuxièmement, elle comment l'erreur de faire amalgame entre sa présence et un privilège, bien que les deux soient rarement synonymes.

Le rire de la rousse suffit à désamorcer la situation pour une raison qu'il ne saurait expliquer, et voilà que ses ongles s'arrêtent de creuser la chair de ses paumes. Immeubles et constellations se confondent au-delà des vitres du véhicule alors que la voiture continue sa trajectoire vers les quais. Un silence si sinistre qu'il en semblerait presque sournois s'installe alors dans la voiture, perturbé uniquement par le doux vrombissement du moteur de la Rolls et le claquement de son briquet.

Clic-clac. 

Clic-clac. 

Clic ... 

Clac.

Une silhouette commet l'erreur de déambuler sur la route au feu rouge. Les pneus de la voiture de collection font massacre sur le bitume, crissant de façon stridente alors que le véhicule se met en arrêt. Le piéton frappe le capot de la Rolls, vociférant des injures à l'intention du chauffeur, avant de poursuivre son chemin.

– Excusez moi, monsieur ... I... Il est sorti de nulle part et je ...

Le magnat prend un malin plaisir à faire perdurer le silence, avant de se contenter de répondre par un simple:

– Vous pouvez continuer, George.

Trop de distractions le détournent de son objectif premier. Reportant de nouveau son regard sur Nerea, Armand se décide à tenter une nouvelle approche. Toutes les cordes de son arc sont viables si l'une lui permettra d'obtenir ce qu'il recherche. Son visage se rapproche doucement de celui de la jeune femme, sa main gauche caressant doucement la joue de la jeune femme, avant d'emparer de son menton avec douceur pour mieux examiner ses traits.

– Un si joli visage ... commente-t-il, comme si Nerea n'était pas présente pour l'entendre. ... Comment lui résister ?

Question rhétorique à laquelle il n'attend pas de réponse. Et aussi subitement que son intérêt pour la jeune femme s'est manifesté, voilà qu'il lâche son emprise sur celle-ci, détournant de nouveau son regard, observant les arcs et les angles de la ville à travers la fenêtre. Son gauche sourcil s'arque un instant lorsqu'un reflet inattendu le surprend sur une vitrine, avant que la voiture ne tourne à l'angle et que ses pensées soient déjà passées au sujet suivant.

Les quais de Trumbull se dessinent à l'horizon. La Rolls se dirige à leur encontre d'un rythme paresseux, le conducteur vraisemblablement secoué par le sacrifice évité de justesse quelques instants plus tôt.

Lorsqu'enfin le véhicule vient à l'arrêt, l'employeur prend un instant pour écouter le violent mariage du vent et des vagues, la bourrasque si violente que ses sifflements stridents sont tout juste audibles depuis la quiétude du véhicule.

Les quais déserts, poétiques dans leur solitude, représentent une allégorie pour l'isolement qui règne dans la vie du brun. Le silence persiste pendant quelques secondes qui semblent très certainement interminables, avant qu'Armand ne pose sa main sur celle de la sirène pour l'inviter à croisant son regard.

– Savez-vous pourquoi je vous ai engagée, mademoiselle Blake ? lui demande-t-il enfin, soutenant les iris de la rousse avec insistance.

30/12/22

Quart de lune, quart de temps. quart d'attention, également.

Deux mille pensées bouillonnent à la surface de ces iris sereins maritimes.

Un pas. Puis deux.



Sourire figé. Regard aiguisé. Souffle coupé.



Un généreux geste de la main suffit à prendre congés de la foule médiatique.

Talons fiers s'abattent sur marbre luisant.

Chuchotements et regards faciles à ignorer.

Une salle de réception abondante de luxe et d'opulence. 

– Quelle décadence.

Lèvres pincées, soupir blasé. De nouveaux pas. 


Chaque marche, une étape de plus vers le plan maître.

Clic-clac.

Le briquet s'enclenche, un tic nerveux discret et impossible à abandonner. Un amour des flammes trop puissant pour être renié.

Clic-clac.

La flamme s'éteint, le briquet se perd, au fond d'une poche... Pour l'instant. L'instant parfait pour attraper une coupe de champagne sur un plateau et la porter à ses lèvres, avec retenue et élégance. Y tremper ses lèvres, discrètement. Croiser certains regards stratégiquement choisis, afin de bien marquer de sa présence. Et attendre.

Un accent presque aussi singulier que le sien, et bien moins exotique, martèle ses oreilles. Si les paroles l'impressionnent peu, le regard auquel il se confronte lui fait d'autant moins d'effet.

Un gamin.

Un gamin, certes. Mais pas n'importe lequel.

McFly.

Le monde n'est pas grand. Il se rétrécit davantage dans la haute stratosphère où l'argent se mêle avec encore plus d'argent. Un jeu d'écumes et de lumières, où il faut impressionner pour mieux régner.

McFly. Un nom prosaïque, le parfait mariage avec une fortune à l'Américaine. Des gens à éviter, à défaut de pouvoir les mépriser. Rien à voir avec de Contrignac. Voilà là un nom qui détient du prestige, de la merveille, et ce petit je ne sais quoi qui démarque les légendes des faits-divers. Bien entendu, le patronyme d'Armand épouse à la perfection avec sa richesse: son patrimoine héréditaire remonte plusieurs siècles en arrière. Certes, il ne s'agit pas là de son hérédité ... Mais l'illusion n'en reste pas moins parfaite pour autant.

Aux yeux de tous, Armand détient non seulement une fortune enviable, mais également une fortune de longue date. Rares sont ceux qui savent réellement d'où lui viennent son nom et ses ressources.

Il y a une dizaine de répliques cinglantes que de Contrignac pourrait adresser à cet interlocuteur nuisible – mais la sophistication d'Armand ne le lui permet pas.

– Armani? se contente-t-il de répondre d'un ton faussement étonné. Votre mère ne vous a toujours pas présenté à ses couturiers et tailleurs personnels? Une remarque d'apparence inoffensive, qui ne manque cependant pas de viser un potentiel point sensible. Les tenues d'Armand sont toutes taillées sur mesure. Un énième facteur qui distingue sa sophistication raffinée de celle plus plébéienne des amateurs auxquels il se trouve facilement confronté dans ce milieu implicitement coupe-gorge. 

Seules six couleurs se partagent exclusivement la garde-robe du directeur: 



C'est bien entendu le rouge sang qui l'emporte pour cet avant-dernier engagement de l'année: une couleur prononcée qui maintient un parfum de sobriété.

Il se permet d'ignorer la deuxième réflexion du brun. Armand n'est pas dupe: il comprend bien que le minot cherche à le provoquer. C'est bien entendu pour cela que le mondain se refuse de rentrer dans le jeu de son interlocuteur, ignorant toute remarque qu'il juge impertinente. Il pourrait aisément refuter toute accusation concernant ses objectifs de la soirée, mais addresser la moindre spéculation résulterait à trop en livrer sur lui-même – une erreur qu'il se garde bien de commettre. 

– Nous n'avons pas tous le luxe de pouvoir papillonner de fonction en fonction, se permet-il cependant de répliquer à la dernière réflexion de McFly. 

Certains ont d'autres choses plus importantes à faire de leur temps.
Des emplois.
Des responsabilités.
Des complots à concrétiser.

– Que puis-je pour vous, monsieur McFly? finit-il par demander, davantage pour se débarrasser de cet échange qu'il estime inutile qu'afin d'encourager son prolongement.

L'indiscrétion de McFly ne surprend pas: qu'attendre de plus d'un vulgaire Américain?

Et Armand? La question ne se pose même plus. Armand est au-delà de pareilles désignations.

Regard ferme. Voix calme, composée, et discrète, comme une couleuvre sur le point de bondir sur sa proie.

– J'ose espérer que vous êtes assez âgé pour savoir interpréter les paroles qui vous sont adressées. Sourire discret (bien que légèrement hautain) – le compromis qu'il trouve pour ne pas se comporter de façon barbare face à son interlocuteur.

Il n'y a que mépris lorsque son regard s'attarde sur ce jeune visage visiblement préoccupé par bien trop de choses bien trop peu importantes. Pas comme Armand. Les priorités du mondain sont claires, précises, hiérarchiquement structurées. Il sait exactement qui il est, où il va, d'où il vient.

Pas de temps pour de pareilles distractions, non, non. Pas pour Armand.

De Contrignac sirote une nouvelle gorgée de son breuvage, savourant chaque sapidité. Dom Ruinart. Une cuvée agréable. Peut être pas la meilleure, certainement pas la pire. Là où McFly peinerait très certainement à faire la distinction entre un grand cru et une bière, de Contrignac connait ses vins: un homme de goût ne peut pas se permettre d'y manquer.

– Vos affaires ne concernent que vous. Une façon courtoise d'affirmer qu'Armand n'a aucune raison de s'intéresser à la vie du jeunot, et encore moins à sa garde-robe. 

– Bien entendu. Une réponse simple. Succincte. L'art de ne pas trahir l'indifférence totale qui règne en lui. Des souvenirs? I9? Les seuls souvenirs qu'il se permet de préserver sont ceux qui lui apportent profit. Il s'agit des contracts. Des visages notables, personnalités importantes, figures imposantes. Il ne s'agit très certainement pas de performances auxquelles il assiste par nécessité plutôt que par désir. Le devoir de se pavaner parmi la populace. Le besoin de briller pour mieux étouffer les moindres soupçons concernant ses activités moins glorieuses. 

– Le temps est une commodité rare. Seuls les vertueux ont l'art de ne pas le gaspiller. Un bon point de marqué par le morveux post-pubère. Peut être que ses jugements ont été posés de manière trop hâtive. Probablement pas.

Un projet est décrit dans l'art du mystère et de la discrétion. Comment réagir face à tant d'ombre? 
L'intrigue?
L'ennui?
L'agacement?
Pourquoi s'attarder sur un choix?

– Je vous demande d'excuser ma candeur, monsieur McFly, mais je me demande bien quel soutien vous attendez de moi si mon chéquier n'est pas votre proie.

Soutirer, toujours, plus d'informations afin de mieux savoir quelle réponse offrir.

La conversation est fortuitement interrompue par une femme que de Contrignac ne peut que mépriser, compte tenu de son accoutrement ridicule et à la démarche toute aussi absurde. Le brun ignorait qu'il était possible de tant éblouir par l'horreur et l'épouvante. C'est un coup de chance pour McFly, qui échappe de justesse à toute la perfidie du philanthrope à l'âme misanthropes.

Si le regard du magnat reste neutre, ses pensées fusent dans tous les sens. Il se demande déjà quelle loi il pourrait enfreindre pour remettre McFly à sa place. Ruinerait-il sa mère? Engagerait-il un voyou pour lui couper un doigt ou lui casser les rotules? L'enfermerait-il dans une pièce incandescente jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que de vulgaires cendres, sans que personne ne lui offre le moindre secours? L'art et dans le détail, es fantasmes s'enchainant rapidement dans sa tête, tous plus satisfaisants que leurs prédécesseurs. 

Comme fil conducteur, toujours le même coupable: de Contrignac, officiellement blanc comme neige, officieusement muni de mains plus ensanglantées que celles d'un boucher. Un enchainement perpétuel de tortures imaginées pour mieux apaiser l'esprit et lui permettre de maintenir l'illusion de civilité essentielle à toute situation sociale.

Si les lignes entre le bien et le mal sont habituellement floues, le mécène se situe sans équivoque du côté sombre de cette dualité, malgré les sourires charmeurs et la narrative digne d'un conte qu'il a construit autour de sa propre personne. Là où les médias ne voient que le visage d'un philanthrope bourré aux as, chaque miroir lui offre le reflet bien distinct d'un homme dont la vocation est de préparer des mauvais coups.

Du côté du bar, le directeur voit, du coin de l'oeil droit, une femme déplacer un verre d'une discrétion timide, se l'appropriant avant d'y verser quelques gouttes d'un flacon issue de sa brassière, et de le reposer au bon endroit. Une nouvelle fleur du mal germe dans son esprit, dont l'éclosion est malheureusement interrompue par le retour du morveux McFly.

– Les seules qualités dont votre génération semble disposer sont l'arrogance et la superficialité. Mais avez-vous autre chose de plus concret à offrir au monde? demande-t-il avec indolence au coréen. Libérant son briquet de sa poche, le magnat se met de nouveau à jouer avec la molette, son attention visiblement davantage captivée par l'appel des flammes que par la présence de Lee.

Clic ...

La flamme, avide et vorace, jaillit du capot avec autant d'assurance que son interlocuteur. Une vision plus rassurante que le doux vrombissement d'un moteur. Sans reporter son attention sur le gamin, de Contrignac poursuit sa rhétorique. 

– Si vous suiviez mes affaires, vous sauriez que je ne manque pas de ressources et que ce n'est pas là une considération qui m'importe lorsque j'examine un projet. Votre dernière réflexion m'interpelle, cependant. Vous présumez connaître mon tempérament, et j'ignore tout du vôtre.

Il serait très certainement flatté par les propos du jeunot s'ils avaient une autre provenance. De Contrignac n'est cependant pas dupe: expert au jeu de la flatterie, il sait facilement reconnaître lorsque celui-ci est abusé à son intention.

... Clac.

Ses iris glaciaux capturent ceux de Lee dans un intense jeu de regards. Sans quitter son interlocuteur du regard, de Contrignac porte une nouvelle fois sa coupe à ses lèvres, laissant le goût du Ruinart se développer dans son palet quelques secondes avant d'ingérer le champagne.

L'héritier attend que McFly termine son pitch avant de reprendre la parole. 

– Bien, monsieur McFly. Il semblerait que vous ayez effectué des recherches approfondies au sujet de ma fortune et de mes divers projets, et je respecte suffisamment votre mère pour supposer qu'elle n'a pas élevé un parfait ignare.

De nouveau, son pouce cherche la molette, sans pour autant rompre le contact oculaire avec le prétendant à ses finances.

Clic ...

Permettez moi donc de vous demander exactement ce en quoi consiste votre offre?

... Clac.

La flamme s'éteint, de Contrignac gardant son emprise ferme et féroce sur les prunelles du coréen.

Clic ...

Vous avez correctement identifié que tout projet sur lequel je pose mon nom a un avenir robuste, vous devez donc très certainement vous douter que je reçois une bonne centaine de propositions similaires par jour que je n'ai pas le temps d'étudier... Et je vous pense suffisamment dégourdi pour savoir étudier les différentes entreprises avec lesquelles je suis impliqué et constater qu'aucune ne s'apparente au projet que vous me proposez.

La flamme danse délicieusement, léchant dangereusement le pouce d'Armand, qui accueille ses caresses brûlantes avec une indifférence si complète qu'elle en semblerait presque inquiétante.

... Clac.

J'imagine bien que vous n'êtes pas si dense que vous vous permettriez de me proposer une idée qui, au-delà de manquer en intérêt, pourrait dangereusement nuire à tous mes autres projets.

Clic ...

... Dans tout votre discours, si vous avez bien établi les bénéfices que vous espérez récolter par ma participation, je peine toujours à identifier toute raison pour laquelle je devriez ne serait-ce que considérer votre proposition.

... Clac.

Il n'a pas cillé une seule fois depuis qu'il a repris le contrôle de la conversation.

Clic ...

Je ne manque ni de ressources, ni de propositions pour les inflater. Que m'offrez-vous donc de si spécial que votre offre me serait impossible à refuser?

Le directeur termine sa réplique, leurs regards toujours dangereusement entrelacés, le doigt toujours fermement posé contre la molette du briquet.

... Clac.

Le mécène se demande bien pourquoi madame McFly n'a pas eu la présence d'interdire à son fils de lui adresser la parole. Sait-elle seulement à quel danger son précieux bien-aimé se confronte, ou, tout du moins, dans quelles affaires sordides il l'implique indirectement?

– Que pense votre mère de votre nouvelle occupation? hasarde-t-il finalement, doutant fortement que madame McFly apprécierait de savoir que son nom est associé à des films érotiques sans art ni artifice.

La foule, dense, s'agglutine alors autour d'eux, leurs pas engloutissant presque totalement la voix se met à résonner au-travers des haut-parleurs. De Contrignac ne bouge cependant pas d'un pouce, ses yeux toujours fermement fixés dans ceux de son interlocuteur.

quelques idées de mon côté :owwww: 

· le renard argenté il s'agit là d'Armand: fier, majestueux, sournois et menaçant, dans toute sa sophistication élégante.

---

· la fouine

Citation :

La fouine est déterminée à percer à jour les jeux d'ombre qui se trament derrière les voiles de lumière éclatante dont le renard se revêt.

Journaliste/reporter·use/bloggeur·euse (ou autre profession similaire) la fouine n'hésitera pas à se mettre dans des situations potentiellement dangereuses en quête d'une seule et unique chose: la vérité concernant Armand et ses projets pour la ville de Detroit. C'est avec le limier (voir prochain lien) qu'elle forgera une alliance plus ou moins fructueuse pour tenter de démanteler l'influence d'Armand au sein de la ville.

---

· le limier

Citation :

Le limier, de concert avec la fouine (voir plus haut), suit assidument le parfum du renard. Obsédé par sa quête de justice, seules deux choses sauront mettre fin à sa quête: la victoire ou la mort.

Policier·e/juge/avocat·e (ou autre profession similaire), le limier développe peu à peu une véritable obsession concernant Armand: tant de mystères entourent le passé de cet homme, et trop peu de scandales suivent son passage. Le but ultime de sa vie est de voir le mondain derrière barreaux. Le limier a la conviction qu'Armand est l'un des responsables principaux de la nécrose de la ville. De tous les résidents de la ville de Detroit, le limier détient le plus de pistes concernant la vie d'Armand, ainsi que son sordide passé.

---

· la taupe

Citation :

Discrète et sournoise, la taupe est stratégiquement implantée chez un ennemi ou un rival, là où elle pourra occasionner le plus de dégâts.

Carrière au choix, la taupe a un rôle des plus simples: engagée par Armand pour espionner sur un quelconque mondain ou politicien (ou autre, à négocier), son rôle est d'effectuer des rapports réguliers au brun sur toute information qu'il pourrait utiliser à son avantage. Mais la taupe est elle véritablement fiable? À vous de décider.

---

· le rat

Citation :

Personne ne détient moins d'honneur que le rat, véritable vermine du bestiaire qu'est Detroit. Vicieux, égoïste et avare, le seul appât du rat est l'appât du gain.

Policier·e/juge/avocat·e/politicien·ne (ou autre profession similaire), le rat est aux antipodes du limier (voir plus haut). Il s'agit là d'une personne sans foi ni loi, occupant un poste à haute responsabilité, abusant de ses fonctions au profit des plus offrants. En ce qui concerne le rat, la générosité d'Armand lui garantit carte blanche sur nombreuse de ses activités illicites: quel que soit le délit, son silence a toujours une étiquette de prix.

---

· la couleuvre

Citation :

Sinistre, perfide et opportuniste, la couleuvre a l'art de savoir flatter le renard, guettant attentivement l'heure idéale pour révéler ses véritables couleurs.

Bras gauche d'Armand, la couleuvre est la plus précieuse alliée d'Armand. Aucune décision n'est effectuée sans la consulter, celle-ci s'étant rendue indispensable par son intellect hors pair. Rusée, la couleuvre sait parfaitement manipuler son entourage. Armand lui accorde une confiance des plus aveugles, une décision qui s'avèrera très certainement fatale plus tôt que tard. Leur collaboration, bien que récente, a été un succès sans précédent, expliquant l'ascension accélérée de la couleuvre au sein du cercle intérieur du brun. Très généreusement récompensée pour ses services, la couleuvre est engagée pour ses qualités sociales qui lui permettent de négocier, manipuler et manigancer au nom de son employeur à travers les différentes stratosphères de Detroit.

---

· le corbeau

Citation :

Roi de pénombre, objet du mal, aucune obscurité n'est profonde que l'âme du corbeau. Vicieux, sournois et impitoyable, sa seule mission est d'honorer la volonté de son maître, le renard.

Bras droit d'Armand, le corbeau occupe le second rang le plus estimé du cercle du brun étant donné qu'il s'agit là de l'une des seules personnes à qui Armand accorde une confiance aveugle. Quel que soit le crime ou le délit, de Contrignac n'a qu'à déployer les ailes de son fidèle associé pour que tout problème soit éternellement oublié. Bien que leur collaboration est de longue date, la loyauté du corbeau est bien trop souvent prise pour acquise. Contrairement à la couleuvre, le corbeau est moins généreusement compensé pour les services effectués, bien que ceux-ci présentent presque exclusivement de plus grands risques: le corbeau a pour tâche d'effectuer toutes les activités criminelles que de Contrignac lui assigne, de l'escroquerie à l'incendie.

---

· le mouton

Citation :

Innocent, docile et conciliant, le mouton est l'un des associés les plus dévoués au corbeau, et également le premier pion à se voir sacrifié sur l'échiquier qu'est Detroit.

Assistant·e personnel·le, le mouton suit Armand au quotidien dans toutes ses fonctions, filtre tous ses appels, et organise chacun de ses rendez-vous. Si l'admiration du mouton pour son supérieur est indéniable, le mouton est dévoré par la curiosité concernant tous les mystérieux appels et rendez-vous auxquels il n'a pas l'accès: que trame Armand dans l'ombre?

---

· la pie

Citation :

Curieuse et gourmande, la pie a une obsession pour les objets matériaux. Son avidité ne connaît comme seule limite ses faibles ressources – un problème auquel elle remédie par de dangereux emprunts.

Métier au choix, la pie est au crédit d'Armand, qui lui a stratégiquement accordé un généreux emprunt afin de pouvoir faire recours à ses services, quels qu'ils soient. Entièrement aux dépends du mondain, la pie se retrouve contrainte, malgré elle, d'effectuer des tâches plus ou moins légales pour son créditeur, qu'elle commence à haïr autant qu'elle le craint.

je m'excuse d'avance si c'est un peu chaotique, le personnage s'est un peu construit pendant la rédaction pour faire un résumé assez simple de ce que j'avais de prévu:

Citation :

un personnage riche, influent, et d'apparence propre qui en vérité est pourri jusqu'à la moelle. l'idée est de détruire, peu à peu, ce portrait au fil des sujets, tout en révélant les épisodes de son passé qui ont contribué à la perte plus ou moins totale de son « humanité ». l'objectif reste avant tout d'exposer un personnage qui se retrouvera tôt ou tard rattrapé par son passé, ses vices, et ses crimes, et qui est défini par ses nombreux défauts.

à cet effet, nombreuses choses dans cette fiche ne sont pas à prendre au premier degré: il s'agit là d'un portrait idyllique et idéalisé qui ne révèle pas la gangrène qui ronge ce personnage de l'intérieur.

en particulier, les nombreux incendies sont bien entendu assez étranges et je compte bien trouver un agent de police qui tentera de percer à jour cette série d'incidents et mettre ce très cher armand derrière barreaux pour ses crimes passés  :owwww: 

[ I KNOW WHAT IT'S LIKE TO BE SAD. I KNOW HOW IT FEEL TO BE DEAD. ]

tw: homicide, changement d'identité, détournement de fonds, relation intéressée, adoption

sourire de lumière,
langue de vipère,
coeur de pierre,
âme de charbon.

trouveras-tu donc
mon véritable nom?
_____

Le regard est souvent décrit comme étant le miroir de l'âme. Qu'en est-il des miroirs qui n'ont pas d'âme à refléter? Leur surface, imperméable, se contente de refléter le visage de ceux qui osent s'y confronter.

Armand est un miroir: le miroir de l'humanité. Véritable caméléon, ses traits se métamorphosent d'une aisance alarmante. Tantôt souriant, tantôt bavard, tantôt rieur, tantôt moqueur, tantôt sérieux, tantôt charmant, tantôt séduisant, tantôt violent ... Un océan de contradictions définissent cet homme que nombreux côtoient sans jamais le connaître: il sait jouer, à la perfection, tous les rôles que la société lui réclame de jouer – presque autant qu'il les méprise, sans la moindre exception.

Antisocial, rien n'a de valeur aux yeux du faux-philanthrope, réellement misanthrope, une aversion qu'il se garde bien de revendiquer. Mais pour chaque accueil chaleureux, le brun imagine trente mille menaces. Pour chaque sourire donné, il manigance déjà son prochain coup fourré.

Toujours à deux longueurs d'avance sur ses pairs, difficile de rivaliser avec un homme qui s'est donné pour mission ultime de briller dans l'art de la déception.

Mais d'où vient donc toute cette haine, 
toute cette rancoeur, 
toute cette antipathie?

S'ils respiraient encore, il serait aisé d'interroger les Nelson: de tous ayant eu la malchance de croiser le chemin du socialite mondain, Leopold et Melissa auraient très certainement été les mieux situés pour offrir une vision d'ensemble sur la jeunesse du brun, à défaut de pouvoir témoigner sur sa vie adulte.

Malheureusement, époux comme épouse succombèrent tous deux dans un « mystérieux » accident de nombreuses années plus tôt: un incendie, aux flammes voraces, éclatantes et glorieuses. Un incendie qui marqua le décès tragique d'une des familles les plus ordinaires et banales de la ville, ainsi que l'éveil d'un résident des plus inhabituels. Cette fameuse nuit, Armand dévora le spectacle des flammes dévorant ses « parents » adoptifs – les pêcheurs originels, coupables du pire des crimes: celui de l'avoir plongé dans une existence fictive, un mensonge qui finit par leur coûter leurs vies.

Si la vengeance est un plat qui se mange froid, Armand la préfère givrée: cela faisait une bonne décennie que les Nelson avaient abandonné tout espoir de le retrouver avant leur fin prématurée.

Si les Nelson n'ont pas les réponses recherchées, 
peut être que l'orphelinat Parisien 
offrirait davantage d'illumination 
quant aux origines de cet homme si singulier?

Cette idée, bien que merveilleuse sur le papier, aboutirait malheureusement elle aussi à un échec, compte tenu du tragique embrasement qui réduisit en cendres toutes ses charpentes et tous ses dossiers, longtemps avant la tragique fin de Leopold et de Melissa.

Peut être que l'assistante sociale 
responsable du dossier 
se souviendrait d'un quelconque détail?

Possiblement, si elle n'était pas, elle aussi, décédée – brûlée, bien entendu, dans ce malheureux incident. Une tragédie des plus inexpliquées compte tenu de la retraite qu'elle avait prise des années auparavant.

Et ses camarades de classe?
Auraient-ils les réponses tant espérées?

Merveilleuse idée, mais lesquels? Le brun a effectué toute sa scolarité à domicile, de la petite enfance à l'âge de l'émancipation. 

Ses précepteurs?

Très certainement, avez-vous déjà entendu parler du savant professeur Theodore Nelson, ainsi que de sa charmante femme Melissa? 

Et les domestiques, dans ce cas?

Bien entendu. Mais de quels domestiques parlons nous, exactement? Les Nelson avaient à peine les moyens de financer leur logement.

Qui connaît donc
la véritable histoire d'Armand?

Parlons nous de Tom Nelson, le fils de feu Leopold et Melissa Nelson?

Oui, Tom Nelson.
Qu'est-il devenu?

La vie de Tom Nelson pris un tournant tragique la veille de ses dix-huit ans, suite à une altercation particulièrement violente au sein de la demeure. La cause officielle du décès? Un terrible accident de voiture. Des témoins rapportent que la voiture pris combustion si intensément que le squelette qui en fut extrait était impossible à identifier. Curieusement, en dehors de sa tombe, aucune trace n'existe de ce jeune homme: il semblerait presque que quelqu'un ait volontairement cherché à l'effacer de toute piste de papier.

Qui est donc ce mystérieux 
Armand de Contrignac?

Quelle excellente question. Armand de Contrignac est un des hommes les plus respectés de la ville de Detroit. Possédant l'un des plus vastes patrimoines de la région, sa fortune n'est égalée que par la générosité inimaginable dont il fait preuve à travers les nombreux engagements sociaux et donations philanthropiques effectuées au cours de l'année.

Mais d'où sort-il donc?

Cela doit faire une bonne quinzaine d'années que le socialite mondain a fait son entrée fracassante parmi la haute-société locale, émerveillant tous et toutes avec son regard perçant, ses sourires envoutants, et son chéquier généreux.

Mais, toute cette richesse ...
D'où vient-elle donc?

Malheureusement, les détails sur la vie du directeur avant son arrivée en ville restent flous, pour la plupart. Si le brun revendique une éducation de renom aux Universités de la Sorbonne et de Cambridge (RU), aucun dossier n'indique le moindre Armand de Contrignac au sein de ces institutions.

Et cette photographie ... 
Que représente-t-elle?

Quel merveilleux oeil que voilà. Il s'agit d'un cliché candide de Herzog Hannalein von Haughenflüffen, dernière duchesse de la lignée des von Haughenflüffen, puisse-t-elle reposer en paix.

Qui est donc cet homme
à ses côtés?

Il s'agit là de Thomas Weatherford, son dernier conjoint. Ne sont-ils pas tout simplement charmants?

Il semble particulièrement jeune, 
et elle, si... Mature.

L'amour n'a pas d'âge, comme le dit l'adage. Les amies de la duchesse rapportent que celle-ci n'a jamais été plus heureuse que suite à sa rencontre fortuite avec Weatherford.

Comment se sont-ils rencontrés?

On rapporte que Weatherford aurait été heurté par le véhicule de la duchesse – d'après les témoins locaux, le jeune homme serait apparu de nulle part lorsque le véhicule de Herzog Hannalein von Haughenflüffen se dirigeait vers une réception.

Et combien de temps 
sont-ils restés ensemble, 
dans ce cas?

La liaison entre la duchesse et Weatherford fut aussi brève qu'elle fut intense: s'ils ne parvinrent à partager que deux belles années avant le décès inattendu de frau Haughenflüffen, nombreux rapportent qu'aucun homme n'avait jamais été plus doux, aimant et attentif que Weatherford.

Et cette fameuse duchesse ...
Comment est-elle décédée?

Il s'agit là d'une affaire tragique. On rapporte qu'un terrible ...

Incendie?

... Oui, un terrible incendie, donc, pris place dans la nuit du 21 juillet, à sa demeure à Düsseldorf. D'après les analystes, la duchesse se serait assoupie près d'une bougie allumée...

Qu'est-il-advenu du fameux Weatherford?

Qui donc? Weatherford? Il semblerait qu'à son décès, frau Haughenflüffen aurait légué tout ses biens matériaux (dont sa considérable fortune) à son bien-aimé.

Qu'a-t-il fait avec toute cette fortune?

Difficile à dire. Quelques semaines après la communication du testament, Weatherford disparut, comme s'il n'avait jamais existé. Cette photographie est très certainement l'un des derniers vestiges de son existence.

C'est curieux...

Quoi donc?

Les deux hommes 
ne se ressemblent absolument pas,
et pourtant...
Je ne saurais dire quoi, 
mais il y a comme un air...

Beaucoup de gens se ressemblent.

Sans doute, oui...
Ce fameux Armand, 
D'où vient-il, déjà?

Il est difficile de situer les origines du brun. Si son accent est indéniablement étranger, il ne ressemble à aucun autre accent reconnu à travers le monde – comme si celui-ci avait soigneusement été élaboré de toutes pièces. Certains rapportent qu'il trouve ses origines en Australie, d'autres, au Québec, mais la rumeur la plus plausible est qu'il est un descendant de la haute aristocratie française.

« de Contrignac » ...
Il s'agit là d'un nom bien curieux ...
Il semblerait presque façonné
de toutes pièces ...

Si aucune commune n'est dénommée « Contrignac » de nos jours, il n'est pas rare que certains patronymes préservent des noms de villes historiques longtemps après que celles-ci ne figurent plus sur des cartes.

Soit... 
Et ce de Contrignac ... 
Quels sont donc ses défauts?

Des défauts? Ma foi... Il serait difficile de trouver plus pieux, plus louable et plus vénérable résident que le dénommé. Tous les dimanches, sans faute, c'est vers l'Église Presbytérienne Saint Thomas qu'il se dirige, afin d'assister à la messe hebdomadaire. Les vendredis soirs, lorsque son emploi du temps le lui permet, c'est à la soupe populaire que vous pourrez le retrouver, prêtant main forte aux autres bénévoles locaux. Les samedis après-midis, c'est dans l'hôpital des enfants que vous le verrez, occupé à distribuer des livres éducatifs à chacun des patients, quel que soit leur statut social. Rares sont les fois où il refuse une invitation à un évènement mondain, notamment lorsque celui-ci promeut une cause louable. Si vous le voyez serrer la main d'un politicien, ce sera assurément celle d'un des représentants les plus progressifs  et fiables de la ville. Aucun casier judiciaire n'est plus vierge, et aucune réputation n'est plus invulnérable que celle de l'illustre monsieur Armand de Contrignac.

D'accord.
Et lorsqu'il ne joue pas les messies, 
où peut-on donc trouver ce « saint »?

Monsieur de Contrignac tient énormément à son intimité. C'est donc à cet effet qu'il a investi une portion considérable de sa fortune dans la construction d'une bâtisse (pour ne pas dire forteresse) fortement excentrée et plus fortement sécurisée.

Pour un homme si « transparent », 
il semble préserver 
bien des secrets...

Si votre visage était un des minois les plus reconnaissables de la ville, ne valorisiez-vous pas, vous aussi, vos moments de solitude?

Je vois ici que ce cher de Contrignac vit seul.
N'a-t-il donc jamais trouvé personne 
avec qui partager 
sa vaste et immense fortune?

Lorsqu'un homme possède un horaire aussi chargé que celui de monsieur de Contrignac, il devient difficile de trouver le temps pour de pareilles distractions. Les sacrifices qu'il fait, au nom de cette ville qu'il aime tant, sont impossibles à nier.

Qu'en est-il des rumeurs liant 
ce pieux et illustre résident 
à des entités bien moins charitables 
que l'Église et la soupe populaire?

C'est en s'attardant sur des rumeurs qu'on leur donne crédibilité. La vérité, c'est qu'aucune preuve ne lie monsieur de Contrignac à n'importe qu'elle entité indésirable. Monsieur Armand n'a pas pour habitude de côtoyer des personnes de mauvaise réputation.

_____

j'ai mille visages,
deux mille idées,
et trois mille façons
de te tuer.